L'expatriation fait partie du quotidien d'une part croissante de Français
Ils sont 2 millions à vivre à l’étranger et ce nombre devrait doubler d’ici à 2022. 70% des Français partent en couple, et les conjoints sont souvent à égalité de diplôme. La question de la conjugaison des deux carrières au sein du couple se pose donc désormais comme une évidence. Mais la réalité n’est pas si rose que cela !
La réalité de l’expatriation ne correspond absolument pas à cette illusion de parité : pour 62% des conjoints d’expatriés, la plupart étant des femmes, l’expatriation est une mauvaise ou une très mauvaise chose pour leur carrière. Seule la moitié des conjoints qui cherche un poste, en trouve un.
L’impact de l’expatriation sur le couple
Il était donc urgent de s’intéresser à ce malentendu, cause de frustration et de tension dans les couples expatriés. C’est dans cet esprit qu’a été lancée l’enquête « Expat Value » : comprendre l’impact de l’expatriation sur le couple et analyser les parcours professionnels des conjoints pour faire émerger des propositions et des recommandations en direction des expatriés et de leurs conjoints, comme des entreprises et des pouvoirs publics. Olivier Wurtz, chercheur à l’ESSEC et spécialiste de l’expatriation, souligne qu’Expat Value est la première enquête de cette importance jamais réalisée sur le sujet.
L’étude en question nous est présentée par Alix Carnot. Après 8 mobilités en famille, Alix Carnot est revenue en France en tant que Directrice des Carrières Internationales chez Expat Communication.
Les enseignements de l’enquête
Au départ, 67% des couples sont plutôt confiants, 80% des conjoints envisagent de travailler pendant l’expatriation. La composition de la famille modifie radicalement les priorités : sans enfant, les conjoints se concentrent clairement sur leur projet professionnel alors que pour les autres, la famille prime sur la volonté de travailler, sans l’éclipser néanmoins. Au final, la réalité est bien différente des attentes : 50% des conjoints qui voudraient travailler en expatriation, y parviennent. Autrement dit, 1 sur 2 seulement !
Les conjoints sont en très grande majorité des femmes (à 91%), car en 2015 encore, ce sont surtout à ces messieurs que les entreprises proposent une carrière à l’étranger, femme et enfants suivant le mouvement. Le mot de conjoint se décline donc au féminin dans 9 cas sur 10. Dans le cadre de la population étudiée par Expat Communication, la conjointe de l’expatrié a un profil enviable : elle se verrait probablement, si elle était restée en France, destinée à une belle carrière (elle parle au moins 3 langues (68%), et est diplômée d’un Bac+4 ou plus (72,4%).
Souvent une carrière brisée pour les femmes
Pour ces conjointes, c’est bien un rêve brisé de carrière qui se dessine avec l’expatriation. Les working girls que tout prédestinait à une ascension professionnelle en France, s’engagent, en suivant leur conjoint expatrié, dans un parcours professionnel atypique, voire décousu, difficile à valoriser sur le marché du travail.
Sans compter que, pour les 14% de femmes expatriées – celles à qui l’entreprise a proposé une mission en expatriation -, le prix à payer est encore plus lourd : de peur de ne pas trouver un emploi, leur conjoint a tendance à ne pas suivre et un tiers d’entre-elles partent seules.
Pour les conjoints accompagnateurs qui veulent travailler sur place pendant la période d’expatriation, la réalité n’est pas facile. Ils vont avoir du mal à trouver leur place sur le marché du travail local, et verront leur carrière marquer un coup d’arrêt. Même s’ils sont bien décidés au départ à assurer une continuité dans leur CV, à ne pas perdre en compétences (pour 46% des répondants), ou à développer un projet en propre (33%), qui leur permette un épanouissement personnel.
Des obstacles à connaître
Les trois obstacles à connaître avant de partir sont l’absence de réseau relationnel sur place pour les aiguiller, puis la barrière de la langue et enfin, la mauvaise connaissance du marché local. A long terme, s’ils arrivent à se positionner professionnellement dans un pays, leur carrière peut rebondir. Mais si les mobilités imposées par la carrière de l’autre se répètent, ils devront rejouer le même challenge de l’adaptation à chaque fois, dans chaque pays où ils vont arriver et demeurer quelques temps… Ce qui produira un parcours professionnel haché, instable, difficile à revendre.
Au final pourtant, le bilan qu’ils en tirent est positif pour 86% d’entre eux. Il n’y a pas que le travail dans la vie et l’expatriation est une expérience passionnante qui, souvent, resserre les liens familiaux. Une occasion précieuse de se réinventer et de mieux se connaître.
4 conseils aux conjoint(e)s d’expatriés
Alix Carnot, Directrice des Carrières Internationales chez Expat Communication, livre quatre conseils essentiels destinés aux conjoint(e)s d’expatriés :
1- Faire confiance à son réseau
Vous voulez retravailler à l’étranger, faites confiance avant tout à votre réseau, celui que vous avez déjà et celui que vous allez vous créer sur place. C’est le vecteur primordial pour trouver un emploi, partout dans le monde. Les réseaux virtuels ont un poids essentiel mais le plus efficace reste, partout, les rencontres réelles. «Un conseil dans cette course à l’emploi particulièrement ardue ? Mettre de côté ses schémas de référence antérieurs, s’adapter à son environnement, se remettre en question, développer de nouvelles techniques de recherche. Considérez que cette expérience est aussi l’opportunité de trouver une façon d’engager sa vie professionnelle sur des bases nouvelles… Ne pas se décourager, ne pas s’enfermer, faire jouer ses réseaux. 81% des conjoints qui ont trouvé un travail remercient leur réseau, amical, social…. Un apéro chez les amis est souvent plus fructueux qu’un après-midi à répondre à des petites annonces », ajoute Alix Carnot.
2- Actualiser ses informations
Sachez avant de partir que le hit-parade des pays où les conjoints d’expatriés trouvent le plus facilement un emploi, regroupe le Canada, l’Australie, et la Russie ; et les pays où ils renoncent le plus sont la Thaïlande, l’Inde, le Brésil et l’Italie… Autant le savoir avant de partir et actualiser souvent vos informations.
3- Ne pas trop rêver
Pour le conjoint, revenir à un niveau d’emploi et de responsabilités, tel qu’il l’avait en France, est une gageure. Pour décrocher un job sur place coûte que coûte, il lui faudra accepter une baisse de rémunération et de responsabilités. Votre effort se révèlera payant si la durée de l’expatriation dans le pays vous permet d’évoluer…
4- Ne pas oublier les TPE & PME locales
La plupart des conjoints qui ont répondu à l’étude Expat Value avouent s’être concentrés au début de leur recherche, sur les entreprises internationales, l’univers de référence quand on a un bac +4. Or, dans 50% des cas, c’est dans une structure locale qu’ils ont été embauchés. Orientez dès le début vos recherches sur une cible de PME-TPE locales, vous gagnerez du temps !
L’enquête d’Expat Communication a été menée en 2 vagues, en janvier et en mai 2015. Elle a généré 3668 réponses, au travers de questionnaires envoyés et disponibles sur les sites web femmexpat.com et lepetitjournal.com, et via les réseaux des CCI, de la FIAFE, de l’Afca et de partenaires locaux.
faciliter les changements personnels vécus par le collaborateur, son conjoint et ses enfants.
Pour en savoir plus : www.expatcommunication.com