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Société: pourquoi les jeunes aiment de moins en moins sortir

Alors que plusieurs études sortent depuis septembre dernier, une tendance très forte tend à poindre chez les “iGen's” – soient les jeunes millennials et la génération Z : ils boivent moins, se droguent moins et sortent largement moins que leurs aînés.


La sentence est tombée : le pic de rébellion des adolescents et jeunes adultes s'est fait en 1998, à l'ère des frères Gallagher, Kate Moss et Pete Doherty, des héritiers du grunge et du début de la trans et de la fusion – et ne sera probablement plus atteint avant un moment.


En effet, à en croire les rapports de l'Université de Michigan et les messages des jeunes du monde entier, le clubbing n'est plus autant en vogue que les soirées Netflix and chill. En cause, des réseaux sociaux de plus en plus présents, des parents dont les abus ont traumatisés les enfants et des campagnes de prévention et de santé de plus en plus présentes dans l'esprit des milennials. Explications en chiffres et en témoignages.


La consommation de drogues et d'alcool en baisse


Dans les années 80, 55% des jeunes entre 11 et 15 ans avaient déjà fumé une cigarette et 62% avaient déjà bu de l'alcool au Royaume-Uni. Dans le même pays et la même tranche d'âge, aujourd'hui, ce sont 18% qui ont déjà touché à une blonde et 38% qui se sont laissé aller à piquer une bouteille à leurs parents. Même constat pour la drogue : en 1998, 31,8% des jeunes entre 16 et 24 s'étaient laissés tenter quand seuls 18% l'avouent aujourd'hui. Cette baisse drastique est quasi paradoxale à l'heure où le web et la banalisation des drogues pourraient être vus comme des incitateurs à la consommation.


Si l'on peut penser à l'avènement du “shaming“ sur le net (qui permet d'épingler tout excès aux conséquences honteuses a refroidi les adolescents sur les excès, ce sont surtout les abus de substances des générations précédentes qui auraient marqué les esprits des jeunes. Plus de scénario à la Skins dans les rue de Bristol, mais plutôt une hygiène de vie davantage saine... mais toujours avec Internet en intraveineuse. Dans son livre Generation Z, Chloe Combi s'exprime sur ce nouvel eldorado du healthy injonctif qu'est Instagram :


“Nous vivons dans une société qui devient de plus en plus futile et consciente de son image. On est en plein dans le “arrête les drogues, mange du chou”. Les adolescents pensent que s'ils ne boivent pas, ne se droguent pas, qu'ils restent chez eux à boire des smoothies green et à méditer, ils seront beaux et auront les cheveux brillants.”


De la stay-at-home mom aux stay-at-home kids

Le soir, plus question de traîner des heures à chercher quoi faire, les milennials préfèrent rentrer chez eux. Par rapport à la génération de 1987, ils passent un tiers de temps de moins dehors, entre amis ou en club. Dans un article du magazine Wired, un jeune de 17 ans exprime son désintérêt pour les fêtes et soirées : “Les gens sortent quand il s'ennuient – il veulent quelque chose à faire. Désormais, on a Netflix – tu peux regarder des séries non-stop. Il y a tellement de choses à faire sur le web.” Internet est mis en cause encore une fois : si les soirées s'espacent, c'est parce que le divertissement en ligne (Netflix en tête) prend beaucoup plus d'espace dans la vie des jeunes.


Gardons à l'esprit que si ces activités “perso” les coupent de contact en face à face avec d'autres individus, ils continuent tout de même d’interagir avec leurs amis, même en plain marathon Netflix : SMS, WhatsApp, Messenger, messages privés sur Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat... Toutes ces applications dotées d'une messagerie instantanée sont autant de lieu de socialisation virtuelle, aux dépens des bars, café et clubs que les générations précédentes côtoyaient plus fréquemment.


A noter que la nouvelle génération n'est pas la seule tombée en désamour pour les boîtes de nuit. Une étude de le Bureau National des Statistiques en Grande-Bretagne a démontré que même les millennials de plus de 22 ans évitaient de plus en plus les soirées en clubs. En cause, les prix toujours plus élevés, des physios de plus en plus brutes et de la musique de moins en moins personnelle et qualitative.


Enfin, l'agoraphobie semble prendre un essor significatif selon le Guardian, qui relaie l'étude, et un confort chez soi qui grandit lui aussi d'année en année : “Vivre chez soi est beaucoup plus cool maintenant, donc on n'a plus ce besoin pressant de sortir pour aller voir des amis. On peut parler avec tout le monde sur Internet, gratuitement. Les services de messageries pré-réseaux sociaux nous auraient coûtés une fortune pour pouvoir rester en contact de la façon dont on le fait aujourd'hui.”


Enfin, si l'on a bien compris qu'Internet a complètement redessiné les schémas de la socialisation des millennials, il est aussi un facteur important qui explique la tendance cocooning des jeunes : la fatigue, voire l'épuisement. On ne travaille pas de la même manière aujourd'hui, après une enfance et adolescence marquée par la crise de 2008, la généralisation de l'hyper-libéralisme économique et le chômage qui a touché toutes les positions salariales et beaucoup de familles, ce en Europe comme aux Etats-Unis.


Ainsi, les étudiants sont plus concentrés à l'université, histoire, dans les pays anglo-saxons, de pouvoir rembourser leur dettes scolaire avec un job bien payé à la sortie de la fac. De la même manière, pour les jeunes en poste, les allongements des horaires, la peur de perdre son job ou de la stagnation professionnelle est un facteur puissant de fatigue... et donc de préférence pour la maison plutôt que les bars une fois la nuit venue. Le modèle de Sex in the City et Skins semble bien révolu !


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