Les personnes aidant des proches malades, des handicapés ou des personnes âgées dépendantes seront indemnisées d'ici 2020, a annoncé le gouvernement.
Les aidants avaient jusqu’à présent le droit de prendre jusqu’à trois mois de congés pour s’occuper d’un proche âgé, malade ou handicapé, mais n’étaient pas payés.
Ce sera chose faite à partir de 2020, a annoncé le cabinet d’Agnès Buzyn, la ministre de la Santé et des Solidarités.
Les aidants, ces millions de Français qui s’occupent chaque jour de proches souffrant d’une maladie grave (cancer, maladie d’Alzheimer, etc.), d’un handicap ou encore frappés par la vieillesse et la dépendance vont ainsi bénéficier d’une meilleure reconnaissance de l’Etat.
En application dès 2020
Le gouvernement va créer un congés pour ces proches et il sera rémunéré « autour de 40 euros par jour », selon le cabinet de la ministre sollicité par actu.fr, confirmant une information publiée par la radio Franceinfo vendredi 13 septembre 2019.
Les modalités finales et d’application ne sont pas encore connues dans le détail puisque cette disposition sera discutée à l’automne à l’Assemblée nationale, lors du débat sur le budget de la Sécurité sociale.
Actuellement, il existe déjà l’allocation journalière de présence parentale (AJPP), versée lorsqu’on s’occupe de son enfant gravement malade, accidenté ou handicapé.
Il est d’environ 43 euros pour un couple, 52 euros pour une personne seule, selon le site officiel de l’administration service-public.fr
Au moins 11 millions de personnes concernées
Combien de personnes peuvent être potentiellement concernées par ce nouveau congé ?
« Les derniers chiffres officiels du ministère remontent à 2008 et c’est 8 millions d’aidants en France« , selon Hélène Rossinot, docteure spécialiste en médecine de santé publique, originaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle) et interrogée par Lorraine Actu.
Mais aujourd’hui, selon les associations, on estime ce nombre à 11 millions de personnes.
Une tendance qui va continuer à progresser ces prochaines années, aussi bien à cause du vieillissement de la population qu’en raison du développement des maladies chroniques.
La professionnelle de santé vient de publier en septembre un livre Aidants, ces invisibles (Editions de l’Observatoire), après trois ans de travail.
La plume de la jeune femme nous plonge dans le quotidien de ces aidants qu’elle a rencontré par dizaines.
« Ils ont aussi besoin de reconnaissance »
Selon elle, ce congé rémunéré est « un bon signal », mais « il faut aller bien plus loin dans la reconnaissance des aidants ». Elle ajoute :
En débutant ma thèse, je ne pensais pas travailler sur les aidants, tout simplement parce que je ne savais pas qu’ils existaient et qu’ils étaient aussi nombreux ! J’ai été très surprise que personne ne travaille sur ce sujet. Je les ai découverts sur le terrain.
Hélène Rossinot estime qu’il faut que l’Etat mette en place « une meilleure prévention dans les entreprises et les écoles pour les aidants qui travaillent ou étudient », simplifier « le labyrinthe administratif » et que leurs actions soient « reconnues par tous les professionnels de santé ».
Les aidants attendent une vraie reconnaissance. Rien n’est remboursé par la Sécurité sociale parce qu’ils ne sont pas patients. Les 40 euros annoncés par le gouvernement c’est bien, mais sur quelle durée ? Il y a encore beaucoup de points d’interrogation sur cette question. Je suis pour l’instant perplexe sur cette mesure.
En attendant que « le gouvernement prenne la mesure des enjeux », Hélène Rossinot développe avec d’autres professionnels un réseau de centre de ressources pour aidants à travers tout le pays. « A Taïwan où l’aidant n’a pas de statut officiel, il y en a pourtant 80 des centres de ce type », alerte la docteure.
Elle n’en est qu’à ses débuts mais a bon espoir « que son livre et que le débat lancé dans les médias puisse mobiliser autour de cette question essentielle de la décennie ».
Source: www.actu.fr