Des traitements et médicaments susceptibles de rajeunir l'organisme commencent à être testés sur des humains. La metformine, une molécule antidiabète, suscite l'intérêt de nombreux chercheurs.
Et s'il était possible non seulement de ralentir mais aussi d'inverser l'horloge biologique? Hier cantonnées au rongeur, les recherches antivieillissement portent désormais sur l'homme.
Les premiers travaux datent de 2015 : à cette époque, des équipes de la Mayo Clinic, aux États-Unis, puis de l'université Erasmus, aux Pays-Bas, sont parvenues à "rajeunir" des souris.
Un petit animal de 2 ans, l'équivalent de 80 ans chez un humain, a fini par retrouver la vigueur, le pelage et la santé de ses congénères de 6 mois.
Début septembre, pour la première fois, des résultats similaires ont été observés chez un groupe d'hommes âgés de 50 à 65 ans.
Au bout d'un an de traitement, leur système immunitaire montrait des signes de régénération. Mieux : les analyses biologiques révélaient une inversion de deux ans et demi en moyenne des indicateurs du vieillissement. "Je m'attendais à voir un ralentissement de l'horloge mais pas un retournement", commente, surpris, Steve Horvath, le généticien qui a piloté cette étude parue dans la revue Nature.
Il reste prudent car il s'agit de résultats préliminaires, obtenus sur un échantillon restreint d'une dizaine de personnes. Néanmoins, les conclusions interpellent.
Déterminer le rôle précis de chaque produit
Le traitement contenait un cocktail de trois produits courants : une hormone de croissance et deux médicaments contre le diabète.
L'objectif était de s'assurer que l'hormone pouvait être utilisée chez l'homme pour régénérer le thymus.
Cette glande située entre les poumons joue un rôle primordial dans le système immunitaire pour combattre les infections et les cancers. Or elle dégénère à partir de l'adolescence.
Des tests sur les animaux ont démontré la capacité de l'hormone de croissance à stimuler la régénération du thymus. Mais comme elle encourage également le diabète, on l'a combinée avec des traitements préventifs contre cette maladie.
Et c'est par hasard, lors de l'analyse de l'impact du trio de produits sur l'âge biologique, que la surprise est apparue. Aurait-on découvert un remède qui repousserait les effets du vieillissement tels que l'arthrose ou les pertes de mémoire?
Rien n'est moins sûr. Des tests complémentaires doivent déterminer le rôle précis de chacun des médicaments.
Un des antidiabétiques utilisés dans cette étude, la metformine, suscite régulièrement l'intérêt des scientifiques du secteur, qui ont multiplié les études sur les animaux.
Un groupe de chercheurs se prépare désormais à tester la molécule de façon préventive sur des seniors âgés de 65 à 80 ans, dans le cadre du projet Tame, qui vise à cibler le vieillissement avec la metformine.
Objectif : vérifier qu'elle repousse l'arrivée de la démence, des AVC ou des crises cardiaques. Le recrutement de volontaires devrait commencer cet hiver.
Des études sur l'arthrose et sur des maladies pulmonaires
Un autre type de thérapie innovante suscite beaucoup d'espoir : les sénolytiques. Ce sont les médicaments utilisés par les équipes de la Mayo Clinic et celles de l'université Erasmus pour rajeunir des souris.
Ils éliminent les cellules sénescentes qui s'accumulent dans le corps avec l'âge et finissent par empêcher la régénération cellulaire.
Les premiers tests sur l'homme devraient commencer bientôt, sous la forme d'études de faible envergure dans le domaine de l'arthrose ou des maladies pulmonaires.
À éplucher le contenu de ces essais cliniques, une évidence s'impose : aucun ne se donne pour but avoué la lutte contre le vieillissement. Preuve que la quête de la pilule de jouvence reste hautement polémique.
Source: www.lejdd.fr