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Réduire le chômage des seniors: une mission impossible ?

En France, sur un total de 3,36 millions de demandeurs d'emploi, plus de 900.00 ont plus de 50 ans.

Pour cette catégorie de chômeurs, l'insertion professionnelle est plus difficile. Un vrai problème à l'heure où la réforme des retraites prévoit des mesures poussant les actifs à décaler la fin de leur carrière.

Le Premier ministre a fixé le cap de 64 ans pour un départ à la retraite à taux plein en 2027. Une gageure alors qu'aujourd'hui seulement 30% des 60-64 ans sont encore en emploi, contre 42% en moyenne dans l'Union européenne.


"On est le mauvais élève de l'Europe: à 55 ans, alors qu'on devrait avoir encore dix ans de travail devant soi, on a un taux d'emploi de 55% en France contre 62% en Allemagne et 70% en Angleterre", constate Benoît Serre, de l'Association nationale des DRH.

"La première discrimination du marché du travail est de loin celle de l'âge", observe le vice-président délégué de l'ANDRH. "Et quand on est une femme, cela se surajoute: pour une femme de 57 ans au chômage, il est encore plus difficile de retrouver du travail".


Un objectif pour les pouvoirs publics depuis 15 ans

Sylvaine S., 61 ans, s'est retrouvée au chômage après un CDD de deux ans dans un ministère.


"Pôle emploi m'a proposé des choses pas du tout en phase avec mes compétences, des jobs de juniors comme faire des enquêtes ou travailler pour une plateforme numérique. On me disait lors des entretiens: 'Vous êtes trop capée'." A un an de l'âge légal de la retraite, elle envisage de saisir le poste de conseillère de Pôle emploi que lui propose l'organisme.


L'objectif du maintien des seniors dans l'emploi est pourtant réaffiché régulièrement par les pouvoirs publics depuis quinze ans. François Hollande avait imaginé en 2012 le "contrat de génération", qui aidait les entreprises à embaucher un jeune en CDI si elles maintenaient dans l'emploi un salarié de plus de 57 ans. La mesure est un échec: 40.000 contrats signés en 2015, contre un objectif de 200.000.


"Il y a une vraie réflexion à mener pour maintenir les seniors en emploi, et surtout les sortir du chômage", souligne Benoit Serre.


Un changement culturel nécessaire dans les entreprises

Selon Pôle emploi, on compte 900.700 chômeurs de 50 ans et plus sur un total de 3,36 millions de demandeurs d'emploi (catégorie A) au troisième trimestre. Les "seniors" (plus de 50 ans dans la définition de Pôle emploi) restent plus longtemps au chômage, et pour certains passent directement du chômage à la retraite.


"Il y a un changement culturel à opérer dans les entreprises", souligne Bruno Serre. "On considère par exemple qu'un senior aura plus de mal à s'adapter à la transformation numérique. C'était peut-être le cas il y a dix ou vingt ans, mais les quinquagénaires d'aujourd'hui ont commencé à travailler avec l'informatique, ils ont suivi l'essor d'internet, ils sont parfaitement capables de suivre le mouvement".


La concertation annoncée sur le sujet en juin par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, se tiendra finalement en janvier, a-t-elle annoncé jeudi sur BFMTV. Elle a repris l'idée de l'ANDRH d'un "index des seniors" qui "responsabiliserait les entreprises", à l'instar de l'index de l'égalité professionnelle femmes-hommes.


La semaine dernière, le Premier ministre Edouard Philippe avait évoqué l'utilisation des droits liés à la pénibilité "soit pour se former, soit pour effectuer la fin de sa carrière à temps partiel", et l'assouplissement du dispositif de retraite progressive. Il faudrait pour cela rouvrir le dossier de la pénibilité, un dispositif "tellement complexe que les entreprises rivalisent d'ingéniosité pour ne pas tomber dedans", note Benoît Serre.


Faciliter les reconversions

Muriel Pénicaud a évoqué un "compte personnel, un compte épargne retraite à soi, qu'on emporte d'un emploi à l'autre" et qui permette "à 30 ans, à 40 ans, à 50 ans, de prendre six mois payés pour se re-former, se reconvertir".

La retraite progressive, qui permet à partir de 60 ans de travailler à temps partiel en percevant la fraction correspondante du salaire plus une fraction de la retraite tout en continuant d'améliorer sa pension, est mal connue et peu utilisée: on comptait en 2018 seulement 18.150 bénéficiaires, selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav).


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