Impossible d'ignorer ces canaux de communication utilisés par les particuliers, les entreprises, les collectivités, et même les personnalités politiques. Sont-ils des espaces publics ou privés, lesquels privilégier selon ses besoins ?
L'UFE donne la parole à Mia Tawilé, consultante et experte en communication digitale.
Comment peut-on globalement définir les réseaux sociaux, quelle est leur fonction première ?
Ils ont un point commun : le partage de contenus – photos, vidéos, textes, articles, etc. – avec une communauté de personnes.
Certains sont destinés à des communications plus personnelles, comme Instagram ou Facebook ; toutefois ces derniers peuvent aussi être utilisés dans un contexte professionnel. D'autres sont principalement à usage professionnel, à l'image de Linkedin par exemple. Tout dépend du type de contenu que l'on publie.
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Justement, la publication d'un contenu relève-t-elle de la la sphère publique ou privée ?
La frontière entre les deux est extrêmement ténue, mais cette décision revient d'abord à l'utilisateur qui dispose d'outils pour décider s'il veut communiquer avec un public large ou un cercle plus restreint.
Évidemment, une démarche professionnelle suppose que l'on diffuse des contenus publics par souci de visibilité, pour gagner en notoriété, générer du trafic et susciter l'intérêt le plus large sur son activité. Pour autant, on observe qu'aujourd'hui un grand nombre de professionnels du numérique tels que les blogueurs, les « influenceurs » ont tendance à mélanger à la fois les contenus personnels et professionnels.
La limite entre le privé et le public est donc sensible, mais d'une manière générale la règle est d'être responsable, conscient du contenu que l'on partage et de sa destination.
D'ailleurs, il existe beaucoup de paramètres de confidentialité sur ces réseaux sociaux, malheureusement les utilisateurs ne s'y attardent pas toujours suffisamment ou maîtrisent mal leur fonctionnement.
Dans le cadre de communications personnelles, conseillez-vous d'utiliser un pseudonyme ?
Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Encore une fois, les paramètres de confidentialité, s'ils sont suffisamment maîtrisés, permettent de limiter l'accès à cet espace de communication privée.
Certains messages ne révèlent-ils pas aussi les risques de l'ultra-réactivité, lorsque le clic va plus vite que la pensée… contrairement aux correspondances épistolaires d'autrefois qui donnaient davantage l'occasion de relire ses écrits avant envoi ?
Oui, mais cette habitude de relecture peut et doit aussi s'appliquer à nos communications numériques. Il faut parfois accepter de prendre son temps, de mesurer le poids de certaines formulations et la visibilité de ses messages, d'anticiper les réactions qu'ils peuvent provoquer. Le fait d'être derrière un écran peut aussi susciter un sentiment de protection, de liberté totale, et effacer cette appréhension du danger que l'on ressent davantage en face-à-face.
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En tant qu'experte de la communication numérique, de quelle manière intervenez-vous en milieu professionnel ?
Ma démarche consiste dans un premier temps à identifier les besoins d'une entreprise ou d'une marque. Il arrive que certaines d'entre elles soient poussées à communiquer à tout-va sur les réseaux sociaux sans avoir préalablement construit de véritable stratégie digitale. Il faut d'abord comprendre le positionnement et l'identité de la marque, construire avec elle une réflexion sur les objectifs à atteindre afin d'avoir des piliers solides pour communiquer efficacement.
La présence d'une marque ou d'une entreprise sur les réseaux sociaux suppose aussi de les alimenter régulièrement en contenus, au risque sinon de renvoyer une image peu crédible et de provoquer des effets inverses à ceux que l'on recherchait initialement. L'objectif reste d'avoir un vrai avantage concurrentiel.
Les entreprises privilégient-elles certains réseaux sociaux ? Inversement d'autres sont-ils à bannir ?
Non, tous les réseaux sociaux sont intéressants. En France les plus utilisés sont Instagram, Facebook, Linkedin, Twitter et YouTube. Instagram regroupe 1 milliard d'utilisateurs actifs dans le monde, Facebook c'est 2,3 milliards, YouTube 1,9 milliard… Au vu de ces chiffres considérables on mesure les opportunités qu'ils représentent. Reste à affiner son approche.
Par exemple, une entreprise qui veut valoriser son activité avec des images élégantes, des vidéos de qualité, aura plutôt intérêt à privilégier Instagram. Autre exemple, une société de services qui a moins cette préoccupation visuelle mais qui souhaite promouvoir l'interaction et l'animation de sa communauté se tournera plutôt vers Facebook.
Dans la même logique, il est bien sûr inutile d'être sur YouTube si l'on a pas de vidéo à partager ! Il n'y a pas de règle absolue, tout dépend de la politique de communication définie par l'entreprise.
Y a-t-il une vie en dehors des réseaux sociaux ? Autrement dit, est-il encore possible d'exister, notamment sur le plan professionnel, sans en faire partie ?
En être absent induit une perte de crédibilité, surtout aux yeux de la « génération connectée » qui caractérise les plus jeunes. Il me semble dommage d'en faire l'impasse, il faut les considérer avant tout comme un moteur de recherche d'emploi, d'amis, de contacts… et comme un outil d'aide à la prise de décision.
Qu'en est-il du mail ? Auriez-vous des conseils à transmettre sur son « bon usage » ?
Il s'agit d'un outil différent, qui repose également sur un partage de contenu, mais sans cette dimension de communauté qui caractérise les réseaux sociaux. Cependant, là aussi, le fait d'être derrière un écran et le précipitation font parfois oublier le respect des formes, avec pour conséquence des messages abrupts qui peuvent affecter le destinataire. Un petit temps de relecture est donc toujours conseillé…
Les messages peuvent aussi révéler des lacunes importantes en orthographe…
Oui, elles discréditent évidemment leur auteur, particulièrement dans le milieu professionnel. Elles ont aussi un impact très négatif sur l'image de marque de l'entreprise.
Cela dit, il existe aujourd'hui de nombreux outils, notamment en ligne, qui permettent de vérifier l'orthographe de ses messages. Par ailleurs, de nouvelles professions sont apparues, spécialisées dans la rédaction de contenus professionnels sur les réseaux sociaux. Les entreprises font appel à ce type de compétences pour publier des messages correctement rédigés et vérifiés au plan orthographique.
Ces prestataires peuvent aussi concevoir des messages standardisés que le collaborateur en interne aura juste à personnaliser avant leur envoi. Ce type de message formaté permet en outre d'unifier la communication de l'entreprise pour être conforme à son image de marque.
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Les anglicismes occupent une place croissante dans la communication numérique. Est-ce une tendance inévitable, doit-on le regretter ?
C'est assez logique car la place de l'anglais dans les réseaux sociaux renvoie à la langue d'origine de leurs concepteurs. Des termes comme story, posts, hashtags, etc., sont intrinsèquement liés à cet environnement. Il en va de même pour des termes plus techniques qui sont également issus de l'anglais.
De plus, la communication via internet est par essence internationale et la langue anglaise en est le premier vecteur. Cela révèle aussi que la « génération connectée » d'aujourd'hui est peut-être plus ouverte au monde, aux changements, plus adaptable, et probablement moins sensible aux frontières linguistiques. Je porte un regard plutôt positif sur cette ouverture à l'anglais et cette question ne doit pas être abordée sous un angle de « concurrence » entre les langues.
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