Alors que le coronavirus Sars-CoV-2 circule toujours sur la planète, passons en revue les différents facteurs susceptibles de le faire disparaître.
Le premier cas de Covid-19, la maladie provoquée par le coronavirus Sars-CoV-2 a été détecté officiellement en décembre 2019 à Wuhan, capitale de la province chinoise du Hubei.
En cinq mois, elle s'est étendue au reste de la planète tuant quelque 302 000 personnes, dont plus de 27 000 en France.
Elle a déstabilisé l'économie et les systèmes de santé en remplissant les hôpitaux et en vidant les espaces publics, les lieux de travail et de loisirs et a indistinctement touché des pays "mal", "bien" ou "très bien" préparés à faire face à une épidémie, si l'on se fie au Global Health Security Index, un outil qui évalue les capacités de chaque pays en la matière. Aujourd'hui, malgré la lutte acharnée que mène contre lui la communauté scientifique et médicale mondiale, le virus poursuit sa progression.
En attendant, les pays tentent de mettre en place des mesures efficaces : gestes barrière, distanciation sociale ou encore campagnes massives de dépistage et de recherche de contacts afin d'isoler un maximum de malades.
Mais des questions demeurent : comment la pandémie va-t-elle évoluer dans les prochains mois et années et, surtout, quand et comment prendra-t-elle fin ?
Le vaccin
Historiquement, la meilleure arme contre les virus a toujours été le vaccin. La variole, qui a fait rage pendant au moins trois mille ans et qui tuait 3 personnes infectées sur 10, a totalement disparu de la surface de la planète grâce à un vaccin qui confère une protection à vie.
D'autres virus qui ont empoisonné la vie des humains, comme la diphtérie, la poliomyélite, la coqueluche ou la rougeole, ont également été contrecarrés grâce aux vaccins.
Il existe deux types de vaccins : ceux qui luttent contre la maladie en empêchant l'infection - comme ceux contre la polio, l'hépatite ou la grippe - et ceux qui n'empêchent pas la contagion, mais s'attaquent aux manifestations de la maladie, c'est le cas du vaccin contre le tétanos.
"Pour le Covid, la communauté scientifique cherche principalement à créer un vaccin qui lutte contre l'infection", expliquait récemment à L'Express le Pr Patrice Debré, immunologiste (AP-HP, Sorbonne université) et membre de l'Académie nationale de médecine. L'idée est de trouver le produit qui permettra d'induire une immunité en forçant le corps à produire des anticorps neutralisants qui persisteront plusieurs mois ou années.
Selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 100 vaccins candidats ont déjà prouvé leur efficacité in vitro - dans des tubes, en laboratoire -, et huit autres sont déjà testés sur des volontaires humains.
Mais il faudra probablement attendre encore de onze à dix-sept mois, au mieux, pour que le premier vaccin efficace voie le jour et puisse être distribué. Et si le précieux sésame se fait désirer trop longtemps, l'humanité devra alors compter sur l'immunité collective.
L'immunité naturelle collective
Ce processus repose sur le même principe que certains vaccins, mais cette fois de manière naturelle : il se produit quand une majeure partie de la population a été infectée par une maladie et développe une réponse immunitaire grâce à la production d'anticorps neutralisants.
Sans hôte disponible, le virus se retrouve bloqué et finit par disparaître au moins pour une génération. Cela a par exemple été le cas avec la variole au début du XVIIIe siècle en France, rappelle le New York Times. Dans le cas du Covid-19, cela impliquerait que 60 à 70 % de la population soit infectée et développe une immunité naturelle. Mais, en prenant en compte un taux de mortalité estimé entre 0,5 et 1 %, voire plus en cas de système sanitaire défaillant, l'infection de 60 % de la population française (68 millions d'habitants) provoquerait entre 200 000 et 400 000 morts et entre 20 et 40 millions à l'échelle de la planète.
Ensuite, si la communauté scientifique est quasiment certaine qu'une infection au Sars-CoV-2 engendre une immunité naturelle, personne ne sait combien de temps elle dure.
Pour le savoir, les chercheurs ont d'abord étudié les autres coronavirus. Ceux qui provoquent des symptômes semblables à ceux du rhume, comme 229E, OC43 ou HKU1, engendrent une immunité d'au moins un an des hôtes.
Les personnes infectées par des coronavirus plus sévères, comme le Sras et le Mers, ont, eux, développé des immunités allant jusqu'à trois ans. L'infection par le Sars-CoV-2 pourrait donc conférer une immunité se situant entre les deux. En théorie.
Pour confirmer cette hypothèse, les scientifiques vont réaliser des études consistant à suivre des patients infectés et à mesurer régulièrement la persistance de leurs anticorps neutralisants grâce à des tests sérologiques. Une enquête menée par l'Institut Pasteur utilisant cette méthode suggérait que l'immunité naturelle pourrait durer au moins deux mois. Difficile, pour autant, de déterminer quand la population atteindra ce fameux seuil de 60 à 70 %. Selon une étude réalisée par Pasteur fin avril et une étude publiée dans Science le 13 mai, de 5 à 10 % de la population française seulement aurait été infectée jusqu'à maintenant.
En effectuant un calcul grossier, on peut imaginer que, si le rythme de la contamination se poursuit au même rythme, le cap des 60 % pourrait être atteint d'ici à deux ans au moins. Probablement moins toutefois, s'il n'y a pas de nouvel épisode de confinement strict comme la France, par exemple, l'a connu du 17 mars au 11 mai.
La saisonnalité
La saisonnalité des virus - leur activité selon les saisons - est un phénomène encore mal compris. Les variables, multiples, rendent ce phénomène insaisissable.
Les virus souffrent-ils de la chaleur, de l'humidité ou d'une combinaison des deux ? Au contraire, sont-ils renforcés par le froid ? Ou est-ce lié au fait que les personnes se rassemblent dans des lieux clos en hiver ? La grippe connaît notamment un pic en février, mais les chercheurs ne savent toujours pas exactement pourquoi. Les coronavirus ont eux aussi tendance à se montrer moins actif en été, potentiellement parce que leur enveloppe est plus fragile et plus vulnérable à la chaleur et à la sécheresse estivales. Cela pourrait également être le cas du Sars-CoV-2.
"La première analyse des chercheurs était que non, puisque la première vague a touché les hémisphères Nord et Sud, expliquait à L'Express Marie-Paule Kieny, spécialiste en virologie, directrice de recherche Inserm et ancienne sous-directrice de l'Organisation mondiale de la santé. Mais la maladie a été facilement contrôlée en Australie et il semblerait qu'il n'y ait pas l'explosion 'attendue' en Afrique."
Sil n'existe encore aucune preuve du caractère saisonnier du Sars-CoV-2, l'hypothèse ne peut néanmoins être écartée. Une première indication pourrait être fournie à la mi-juin en France, alors que le déconfinement aura eu lieu depuis plus d'un mois et que les températures auront grimpé.
Une chose est sûre, il n'y a presque aucune chance que la pandémie disparaisse cet été, contrairement à ce que certains affirment, notamment parce que l'absence d'immunité de la population lui permettra de continuer à se répandre. Les modèles mathématiques des épidémiologistes - les spécialistes de la diffusion des maladies dans les populations - prenant en compte ce facteur prévoient presque tous une diminution probable en été, mais estiment que la pandémie ne disparaîtra probablement pas avant la fin de 2021.
La quarantaine
Les quarantaines, un procédé utilisé depuis des siècles, se révèlent généralement efficaces, notamment à des échelles locales.
Elles ont permis de stopper l'épidémie de Sras en 2003 et surtout celle d'Ebola en 2016. Mais, une fois que le virus sort d'une zone de contamination repérée, surtout s'il se montre extrêmement contagieux et peu mortel, comme Sars-CoV-2, il devient extrêmement compliqué de le contrôler et la quarantaine presque inutile.
Il est donc improbable que ce moyen, déjà mis en oeuvre dans de nombreux pays contre le Covid-19, suffise à éliminer l'épidémie, d'autant plus dans une économie globalisée qui souffre de l'arrêt des activités. Les traitements
Les traitements ne permettent pas d'éradiquer un virus en empêchant sa transmission, contrairement aux vaccins.
Ils peuvent, en revanche, réduire la gravité des symptômes et donc le taux de létalité du virus, par exemple si un traitement parvient à éliminer les fameuses "tempêtes de cytokines", ces réactions inflammatoires démesurées lors de laquelle nos cytokines se retournent contre nos organes, dont les poumons.
Un traitement pourrait également ralentir considérablement sa progression s'il parvenait à éliminer totalement les principaux vecteurs de transmission, la toux et les éternuements.
Le facteur industriel
Outre les traitements, il existe au moins deux autres moyens de ralentir l'impact du coronavirus. Le premier consiste à produire suffisamment de masques, de gants de blouses et autres protections.
En effet, Sars-CoV-2 se transmet principalement par les éternuements et la toux, et même peut-être par l'air - en parlant -, comme le suggèrent des études préliminaires. Les équipements qui permettent de se protéger sont donc déterminants pour limiter les risques de transmission au personnel médical et dans la population.
Le deuxième moyen consiste à produire suffisamment de tests virologiques et sérologiques fiables pour lancer des campagnes de dépistage de grande envergure. Si le Premier ministre, Édouard Philippe, a promis que la France serait en mesure de pratiquer 700 000 dépistages virologiques par semaine dès le 11 mai, une enquête de France Info indique qu'en réalité la France n'a pas encore dépassé les 150 000 tests hebdomadaires. Deux armes qu'il faudra absolument affûter avant de pouvoir se reposer sur l'un ou plusieurs des autres facteurs.
Et si la pandémie ne s'arrêtait jamais ?
Et si les scientifiques ne parvenaient pas à fabriquer un vaccin efficace, comme c'est le cas pour le VIH ? Et si l'immunité naturelle ne fonctionnait pas, ou ne conférerait qu'une immunité de quelques mois insuffisante pour arrêter le virus, même momentanément ?
L'hypothèse reste incertaine, mais terrifiante, surtout pour les principales victimes, à savoir les personnes âgées et celles atteintes de comorbidités. Michael Ryan, le directeur des questions d'urgence sanitaire à l'OMS, a lui-même annoncé lors d'une conférence de presse jeudi 14 mai que ce nouveau coronavirus "pourrait ne jamais disparaître", faute de vaccin notamment.
Dans ce cas, il faudra apprendre à vivre avec, ce qui pourrait profondément changer nos habitudes sociales et plus largement nos modes de vie.
Source: www.lexpress.fr
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