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Covid-19 : Maroc, une campagne de vaccination menée tambour battant

Plus 4 millions de Marocains ont déjà reçu au moins une dose, soit l’équivalent de 11 % de la population – contre 6,4 % en France.



Des femmes et des hommes disparaissent tour à tour derrière des paravents.


« Félicitations », leur lance l’infirmière quand ils ressortent tout sourire, avant de les inviter à se rendre en salle de repos. Dans le complexe sportif de Bourgogne, à Casablanca, transformé en centre de vaccination, l’humeur est plutôt optimiste. Certains immortalisent le moment avec leur smartphone, d’autres craignent les syndromes grippaux qui surviennent parfois après l’injection. Mais la plupart semblent soulagés.


« Nous avons la chance d’être vaccinés. Je n’y croyais pas, c’est stupéfiant », confie Fouzia, une ingénieure de 61 ans venue recevoir sa première dose de vaccin contre le Covid-19 : « Pour une fois, nous n’avons rien à envier aux Occidentaux. »


Depuis son lancement fin janvier, la campagne de vaccination avance à un rythme impressionnant au Maroc, qui a fait appel au laboratoire chinois Sinopharm et au britannique AstraZeneca.


Plus de 4 millions de Marocains sur 36 millions d’habitants ont déjà reçu au moins une dose de vaccin, soit l’équivalent de 11 % de la population, contre 6,4 % en France. 854 000 ont bénéficié de la seconde injection.


« Le Maroc compte parmi les dix premiers pays qui ont réussi le défi de la vaccination contre le Covid-19 », l’a félicité l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur Twitter, le 3 mars. Il est le pays qui a jusqu’à présent le plus vacciné en Afrique.



D’abord réservée aux personnels de santé de plus de 40 ans, aux autorités, aux enseignants de plus de 45 ans et aux personnes âgées de plus de 75 ans, la vaccination, gratuite et non obligatoire, a été étendue aux plus de 60 ans fin février.


« Tout est informatisé. Il suffit de fournir son numéro de carte d’identité et les rendez-vous sont envoyés par SMS. Nous, on s’occupe de vérifier l’état de santé des gens et on pique », explique la docteure Amina Aniba, qui supervise le centre de vaccination du quartier Bourgogne.


Le système est bien huilé : des bénévoles du Croissant-Rouge s’occupent des détails administratifs, chacun est reçu par un médecin qui se charge d’écarter toute éventuelle contre-indication, puis une infirmière procède à l’injection. Tous sont ensuite gardés en observation durant quinze minutes.


Risque de pénurie


Dans ce complexe sportif aux allures d’hôpital de campagne, les médecins se souviennent des débuts timides. Les premiers jours, peu de candidats au vaccin avaient fait le déplacement. La propagation de fausses informations sur les réseaux sociaux et le manque de communication sur les origines du vaccin avaient découragé les premiers bénéficiaires. Puis, en l’espace de quelques jours, les centres se sont remplis.


La campagne de sensibilisation sur le thème « Je me protège, je protège mon pays », lancée par le ministère de la santé, et la perspective de sortir du marasme économique engendré par la crise sanitaire ont finalement poussé les Marocains à s’inscrire en nombre. « Nous n’avons plus de problème de méfiance. Au contraire, les choses avancent très vite », assure Mme Aniba.



Le Maroc doit tout de même faire face au risque de pénurie, alors qu’il avait commencé très tôt à négocier des contrats avec plusieurs laboratoires, notamment en Chine. Dès août 2020, le royaume avait signé un partenariat avec Pékin pour participer à la phase 3 de tests du vaccin de Sinopharm et être ainsi un des premiers pays servis.


Mais comme dans d’autres pays, la campagne, officiellement annoncée début novembre, a été retardée par les délais de livraison du vaccin. Au 11 mars, le Maroc avait finalement reçu 8,5 millions de doses – dont seulement 1,5 million en provenance de Chine au lieu des 10 millions initialement prévus.


« Les capacités de production chinoises, qu’on pensait énormes, sont plus faibles que prévues. Finalement, les laboratoires occidentaux, qui ont moins communiqué, ont été plus rapides », explique Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et auteur d’une note sur la « route de la soie de la santé ».


Une communication opaque


Pour rebondir, Rabat s’est tourné vers d’autres fournisseurs. Depuis quelques semaines, le comité national de vaccination explore de nouvelles pistes d’approvisionnement. Une autorisation d’urgence a été récemment octroyée pour les vaccins Spoutnik V, porté par l’institut de recherche russe Nikolaï-Gamaleïa, et AstraZeneca, produit par SK Bioscience, un industriel pharmaceutique sud-coréen.


« A la différence de l’Europe ou des Etats-Unis, qui sont des producteurs de vaccins et pour qui l’importation d’autres vaccins aurait des conséquences politiques, le Maroc a tout intérêt à diversifier ses sources », poursuit M. Bondaz.


Le ministère de la santé, dont la communication est restée opaque depuis le début de la pandémie, refuse pour le moment d’évoquer de nouvelles commandes.


« Tout ce que je peux dire, c’est que nous sommes en prospection permanente », indique Mohamed Benazzouz, responsable du programme national de vaccination : « Evidemment, notre objectif est de diversifier les sources de vaccination afin de nous assurer d’une quantité suffisante pour la population et d’une immunité de groupe efficace. »


Les autorités espèrent vacciner 25 millions de personnes dans la perspective d’un retour progressif à une vie normale le plus vite possible.


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