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Depuis le début, tout le monde s'est trompé sur Tesla

Force est de constater, en conduisant la récente Model 3 Performance de Tesla, que l'industrie automobile ne semble pas du tout prendre la tournure que nous imaginions tous il y encore quelques années.



Les constructeurs les mieux établis paraissent fébriles face à cette marque qui défie tous les pronostics depuis sa création.


Le nom de Tesla, hommage au célèbre inventeur serbe Nikola Tesla, ne commence à bruisser qu'au début de l'année 2008. Georges Clooney, Matt Damon ou Arnold Schwarzenegger conduisent alors une étonnante voiture de sport électrique lorsqu'ils circulent dans les quartiers les plus huppés de Los Angeles. Même Leonardo Di Caprio roule en Tesla Roadster lorsqu'il ne brûle pas du kérosène en faisant le tour du monde dans son jet privé.


Basée sur un châssis de Lotus Elise modifiée, cette Américaine électrique séduit les stars d'Hollywood par ses capacités d'accélération -inédites pour une automobile électrique- autant que son image à haute teneur écologique.


Certes, elle ne possède pas encore de quoi inquiéter les meilleures voitures de sport thermiques sur circuit, comme le constatera Jeremy Clarkson en Angleterre dans un reportage cinglant qui poussera les responsables de Tesla à poursuivre en justice la BBC.



Mais cette Tesla Roadster sortie de e part surclasse déjà très largement les rares autres autos électriques contemporaines -Venturi Fetish en tête- au registre de l'autonomie maximale et des performances. Pour le prix d'une Porsche 911, elle offre des accélérations au niveau de certaines supercars à défaut d'en approcher l'efficacité en piste. Produite à 2500 unités, elle disparaît au début de l'année 2012.


Voici le tout premier modèle de Tesla (ici dans sa version finale), la Roadster, basée sur une Lotus Elise


Cette année-là, l'offre de Tesla change radicalement : fini le petit Roadster sportif minimaliste bricolé sur une base de Lotus, le second modèle de Tesla prend la forme d'une grosse berline de luxe nommée Model S. Elon Musk, désormais seul à bord, ose parler d'une concurrente directe des grandes Mercedes et autres BMW confortablement établies sur le marché premium mondial depuis des décennies.


Les spécialistes moquent certains détails de finition, un comportement dynamique perfectible ou les limitations induites par le réseau de recharge Tesla dans le monde. Mais les accélérations fulgurantes de cette nouvelle Tesla Model S donnent des hauts-le-coeur à certains journalistes essayeurs et fascinent les geeks. Au fil des versions, la grosse Tesla progresse sur l'exercice du 0 à 100 km/h. Au point de battre quasiment toutes les supercars de la planète en ligne droite. La Model S P85D, apparue en 2014, expédie le 0 à 100 en trois secondes.


Du jamais vu pour une berline pesant largement plus de deux tonnes, électrique ou pas. Et contrairement à la précédente Tesla Roadster, elle se vend en nombre : proposée au prix d'une grosse allemande, elle atteint les 200 000 exemplaires dès 2017.


Lancée en 2012, la grande Model S est toujours au catalogue de Tesla


C'est au moment du début de carrière de la Model S que les grands constructeurs allemands commencent à s'intéresser sérieusement au cas de Tesla. Dès 2014, on entend dire que Mercedes prépare une berline électrique. Mercedes-AMG et Audi lancent des sportives électriques très élitistes en série ultra-limitée (SLS Electric Drive et R8 e-Tron), et tout le monde se met à suivre de près l'évolution de Tesla. Même Porsche confirme le développement de sa Mission-E en série (qui deviendra plus tard la Taycan).


Interrogés, la plupart des spécialistes de l'automobile -ou des dirigeants de marques- prédisent quasiment tous la fin inéluctable de Tesla : maintenant que des colosses comme Mercedes, Volkswagen ou BMW se mettent à investir des milliards dans le développement de modèles électriques, on ne donne plus cher de la peau d'un petit constructeur né quelques années plus tôt et doté d'une expérience limitée de la chose automobile. D'autant plus qu'avec le scandale du Diesel Gate de 2015, toutes les marques s'engouffrent généreusement dans l'énergie électrique.


Dès l'arrivée des premières Mercedes, Audi ou BMW électriques de grande série, comment Tesla pourrait résister avec ses moyens limités et ses dettes économiques abyssales ? Jamais rentable depuis sa création, Tesla manque cruellement de cash pendant que les Allemands cumulent des bénéfices record.


Troisième modèle de Tesla, le grand Model X a surpris tout le monde avec ses portières arrière papillon


Dès la fin 2018, les premiers vrais modèles électriques arrivent enfin dans les gammes de Mercedes, d'Audi ou de Jaguar. Mais, surprise, les caractéristiques techniques des nouveaux SUV EQ C, e-Tron et autres i-Pace n'enterrent pas du tout les Tesla Model S et X qui pullulent depuis longtemps dans les beaux quartiers de tous les centre-villes.


Certes, un Mercedes EQ C jouit d'une meilleure finition intérieure qu'un Tesla Model X. On s'amuse aussi davantage au volant d'un Jaguar i-Pace, au comportement dynamique finement mis au point, qu'à celui d'une Tesla Model S. Mais les accélérations restent loin des catapultages colossaux expérimentés à bord des Tesla les plus puissantes. Et surtout, leurs batteries n'offrent que 60% au mieux de l'autonomie des Tesla haut de gamme.


Ajoutez à cela un réseau de recharge moins complet que celui de Tesla, désormais déployé dans toute l'Europe, et vous commencez à détecter quelques grosses faiblesses dans la stratégie de réponse électrique de ces géants de l'industrie automobile.


Surtout que dans le même temps, Tesla passe à la vitesse supérieure. Après un an et demi occupé à gérer une montagne de problèmes d'ordre logistiques et techniques, le constructeur commence finalement à livrer sa Model 3 tant attendue à l'automne 2017.


En manque de liquidités et au bord de la faillite, le constructeur parvient, contre toute attente, à augmenter significativement le rythme de production de son dernier modèle. A l'autonome 2019, Tesla produit près de 7000 véhicules par mois avant même l'ouverture de sa nouvelle usine de Shanghai.


Disponible à partir de 43 800€ actuellement, la Model 3 est le premier modèle grand public de Tesla


Rivale désignée des BMW Serie 3, Mercedes Classe C et autres Audi A4, la Model 3 affiche un style proche de la stérilité absolue. La Mercedes affiche une grosse calandre étoilée et des galbes d'un dynamisme jamais vu auparavant chez la marque. L'Audi lui oppose une stature un peu froide mais reconnaissable au premier coup d'oeil et la BMW expose fièrement son double haricot dopé aux stéroïdes.


Et la Tesla ? Des lignes d'une banalité soporifique, évoquant la berline générique (sans marque) qu'on voit dans les publicités de pneus ou d'équipementiers automobiles. Sa qualité de finition, talon d'Achille récurrent de Tesla, progresse mais reste en-dessous des standards de chez Audi ou BMW.


La berline familiale compacte américaine affiche cependant une très belle pureté de style à l'intérieur et surtout, des caractéristiques techniques qui surpassent, même trois ans après sa sortie, ce que proposent les dernières nouveautés des autres marques : à seulement 43 800€ (suite à une baisse de prix et avant bonus écologique), la Model 3 de base offre une autonomie (448 km) et des performances (0 à 100 km/h en 5,6 secondes) similaires à celles de modèles deux fois plus cher.


Mieux, sa version à hautes performances (sobrement baptisée « Performance ») ne coûte que 59 990€. Son 0 à 100 km/h en 3,3 secondes fait jeu égal avec la dernière Audi RS e-tron GT de 646 chevaux proposée à 140 700€ (pour une autonomie très supérieure), et son comportement dynamique n'a plus rien à voir avec celui des premières berlines Tesla.


Tesla écoute les critiques


Car oui, c'est précisément au moment d'essayer cette Model 3 Performance sur un petit circuit comme le Driving Center du Paul Ricard que l'on prend conscience de la philosophie très spéciale de Tesla. Alors que la Model S sombrait lamentablement dans ce genre d'exercice, la Model 3 Performance offre un tout autre niveau d'efficacité en piste.


Disposant d'une transmission intégrale à la mise au point radicalement différente, la « petite » Tesla se comporte comme une authentique berline ultra-sportive. Capable de renvoyer la puissance sur son train arrière pour combattre le sous-virage, de ré-accélérer très tôt en sortie de virage et même de devenir extrêmement joueuse à piloter. Pour la première fois dans la jeune histoire de Tesla, il devenait possible de s'amuser franchement au volant d'une voiture de la marque.


Certes, cette Model 3 Performance n'atteint pas encore le niveau d'excellence dynamique d'une Porsche Taycan Turbo S à 190 000€. Mais elle parvient déjà à battre ses concurrentes thermiques (Mercedes C63 AMG, BMW M3 de génération F30) au chrono sur circuit. Le tout pour un prix très inférieur à ces machines. En terme de pur plaisir de pilotage, on préfère toujours la finesse absolue d'une BMW M3 ou le caractère extraordinaire d'une propulsion V8 AMG.


Mais ressentir cette maîtrise dynamique au volant d'une automobile Tesla, après des premiers modèles particulièrement insipides en la matière, représente quand même une sacrée surprise. Comme nous avons pu le constater lors de l'essai, l'équipe de Tesla écoute toutes les critiques formulées à l'encontre de ses modèles. Et ses ingénieurs se passionnent au moins autant pour la glisse fumante que pour les gadgets de conduite semi-autonome...


Le déluge de chiffres


Elon Musk semble justement mettre un point d'honneur à ce que ses modèles soient dorénavant perçus comme des références de la performance. Il y a quelques jours, le sulfureux patron de Tesla a levé le voile sur la Model S restylée, dont la nouvelle version Plaid+ présente une fiche technique vertigineuse en tout point.


Avec ses trois moteurs d'une puissance cumulée de 1100 ch, son autonomie maximale de 840 km, son 0 à 100 km/h abattu en moins de 2,1 secondes et sa vitesse de pointe de 320 km/h, elle ridiculiserait la meilleure Porsche électrique et accélèrerait plus fort qu'une Bugatti Chiron pour 139 990€. En plus de ces chiffres qui crucifient tout ce que Porsche et les autres ont à offrir en matière de véhicules électriques, Tesla promet par ailleurs un niveau d'efficacité jamais vu sur un modèle de sa gamme.


Musk voudrait carrément battre le record chronométrique absolu sur la Nordschleife, appartenant actuellement à la Mercedes-AMG GT Black Series. Qui pourrait sérieusement imaginer une berline électrique à la lourdeur morbide battre les meilleures supercars de la planète sur le circuit le plus difficile au monde ?


Rappelons par ailleurs que Tesla travaille toujours sur une vraie supercar pour 2022, la Roadster 2, dont la puissance pourrait approcher les 2000 chevaux avec des accélérations encore plus folles et une vitesse de pointe à 400 km/h. Comme souvent avec les annonces de Tesla, il y a du retard. Beaucoup de retard, même. Mais jusqu'ici, Elon Musk a toujours réussi à arriver à ses fins...



Oui, cette berline à l'allure paisible pourrait humilier une Bugatti Chiron en accélération !


Irrattrapable ?


Malgré la crise du coronavirus, Tesla a vendu un demi-million de véhicules en 2020. Ce chiffre pourrait encore augmenter dans de grosses proportions au cours des années à venir : le constructeur américain peut désormais compter sur sa nouvelle usine chinoise, alors que celle de Berlin doit ouvrir ses portes d'ici l'été pour approvisionner tout le marché européen.


Le dernier Model Y, SUV familial compact de la marque, va permettre de capter beaucoup de nouveaux clients. Mais Tesla prépare aussi son fameux pick-up Cybertruck au style si déroutant, alors que le projet de voiture ultra-compacte à 25 000€ continue d'avancer en interne.


De quoi se demander, compte tenu de l'avance actuelle de Tesla en matière de gestion des batteries électriques et de son plan produit à venir, si la marque n'est pas en train de distancer les autres constructeurs automobiles plutôt que de se faire rattraper.


Grâce à sa participation personnelle dans l'entreprise et à la valeur délirante de la capitalisation boursière de Tesla (la marque vaut plus que Volkswagen, BMW et Toyota réunies!), Elon Musk se bat désormais avec le patron d'Amazon pour le titre d'homme le plus riche du monde. Mais aujourd'hui, plus personne ne se risque à dire que le succès de Tesla est purement spéculatif.


Source: www.turbo.fr

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