Le poids du commerce en ligne dans le retail global n'est que de 2%. A défaut d'une offre E-commerce complète, 60% des achats se font sur des sites étrangers. La composition du secteur retail au Maroc cause problème.
Le digital représente aujourd’hui l’économie la plus puissante au monde. Il n’y a qu’à voir les GAFAM qui captent les plus grosses capitalisations mondiales, valorisées à des montants supérieurs aux PIB des grandes puissances mondiales tels que le Japon, l’Allemagne ou la France.
Le poids du digital dans le monde est davantage plus lourd depuis l’année dernière. Transformation des usages des consommateurs et des commerçants oblige, 2020 et 2021 resteront, sans nul doute, des années charnières pour le monde du e-commerce.
L’accélération de la digitalisation du commerce n’est plus assimilée à un luxe ou à «un caprice de geek». «E-commercialiser» son business aujourd’hui relève de sa survie, pour espérer continuer à créer de la valeur.
Au Maroc, il est vrai que depuis la crise sanitaire, les internautes sont moins réticents à payer en ligne via leurs cartes bancaires. A en croire les chiffres du CMI, l’activité aurait battu tous les records par rapport aux années passées : 10 millions d’opérations en ligne équivalent 4,3 MMDH ont été enregistrées durant les 9 premiers mois de 2020, en hausse de 48% par rapport à la même période de 2019.
Mais ces chiffres ne sont pas vraiment significatifs, dans le sens où «le Royaume en est toujours à son stade d’émergence. Par rapport au PIB du retail global, le poids du commerce en ligne est estimé entre 1 et 2%. Ce ratio avoisine les 6% dans d’autres pays de la Méditerranée», annonce le Directeur du commerce et de la distribution au ministère de l’industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, Rachid Sarrakh, lors de son intervention à un webinaire sur le sujet organisé par Tijara 2020 et Portnet.
Sommes-nous en retard ?
Nous n’avons toujours pas pris le pas digital. Il y a urgence, s’accordent à dire les experts de ce secteur. Les marques présentes en off line devraient proposer leurs produits online. «Si nos distributeurs retailers ne se positionnent pas sur ce marché urgemment, des géants mondiaux comme les GAFAM ne tarderont pas à envahir le marché marocain et feront de l’ombre au commerce de tout un pays», annonce le CEO de Jumia Maroc, Larbi Alaoui Belrhiti.
Le terrain est pourtant assez propice pour développer le secteur digital. Pour ne citer que ces éléments : Les efforts de capillarisation du réseau au Maroc sont notables (meilleur au niveau africain). L’amélioration des infrastructures routières se fait en continu. Le cadre réglementaire est adéquat et améliorable. Et de nouveaux modes de paiement sont en train de se démocratiser (exemple du m-paiement).
Du côté de l’e-offre marocaine, elle reste très faible face à un consommateur qui a ce besoin de «tout trouver sur internet». Ce n’est donc pas un hasard si 60% des achats e-commerce effectués dans la région MENA dont le Maroc, se font sur des sites étrangers dits cross-border.
L’informel, concurrent n°1 du e-commerce
Pour Fahd Bennani, Directeur Général d’IWACO «Le digital n’est qu’un canal qui va refléter ses carences propres au commerce marocain» La source du problème émane de la composition du secteur retail au Maroc, de nature très fragmentée et peu structurée et entachée par le marché informel. En proposant des produits venus de canaux non déclarés à des prix bien plus bas, ce marché représente un concurrent de taille et nuisible pour le secteur du e-commerce.
Il serait donc temps de considérer le e-commerce comme une opportunité, un «game changer», selon les panélistes, pour aider à structurer le commerce, à intégrer les commerçants et ainsi combattre l’informel.
Du côté de la demande, même si les consommateurs ont déjà pris le pli en étant de plus en plus à l’aise avec l’outil digital, l’achat sur internet reste très peu développé. En chiffres, le Maroc a atteint un taux de pénétration mobile de 120% dont 75% de smartphone. Une pénétration de 70% d’internet : Au même niveau que les pays du Moyen-Orient et nettement supérieur que le continent africain où la pénétration n’est que de 25%. Et un taux de pénétration de 50% des réseaux sociaux qui, disons-le, se positionnent dans le cœur du e-commerce en ligne.
La nécessité d’accompagner culturellement le consommateur s’impose pour l’éduquer à cet exercice d’achat digital et le rassurer quant à la sécurisation des transactions. S’agissant du paiement par carte, la plupart des consommateurs n’en disposent pas ou l’utilisent juste pour des retraits de cash. (NDLR. 16 millions de cartes de paiement circulent aujourd’hui dans le Royaume, dont 5 millions actives en paiement, sur du commerce physique ou digital).
Un autre constat du côté de l’Etat cette fois. «Nous avons un problème économique de cash», résume M. Bennani qui enchaîne «Il faut mettre les bouchées doubles pour accélérer l’inclusion financière de la population».
Il propose d’encourager les start-up early-stage, en finançant les jeunes pousses et développer leurs écosystèmes, ou encore instaurer et encourager le réflexe du ‘B to A’ qui consiste à payer par application mobile l’administration (fiscale ou autre). Une démarche intelligente pour inciter le citoyen à utiliser, malgré lui, le digital.
Source: www.lavieeco.com
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