Le contexte de pandémie nous amène à réfléchir à nos finances personnelles et à notre retraite. Alors que la réforme des retraites initialement annoncée pour 2025 marque le pas, pourquoi ne pas profiter de cette période d’attente pour se préparer : maximiser ses droits acquis et optimiser ses droits futurs ?
Christophe et Isabelle expatriés depuis 8 ans à Philadelphie
Jusqu’à présent, Christophe ne pensait pas à sa retraite ! Né en 1973, il pensait continuer à travailler jusqu’à 67 ans, l’âge de la retraite sans minoration aux États-Unis (Full Retirement Age). 2040 lui semblait donc bien loin !
Mais la crise sanitaire et économique pourrait modifier ses plans. Christophe fait le bilan de sa carrière : il a travaillé 17 ans en France avant de s’expatrier. Il se demande s’il serait possible et dans son intérêt de demander ses retraites françaises plus tôt.
Bon à savoir ! Vous pouvez demander votre retraite française dès le 1er jour du mois qui suit la date anniversaire de vos 62 ans. Le fait de continuer à travailler et à cotiser localement, comme Christophe, aux États-Unis, ne vous empêche nullement de le faire.
Comment optimiser ses retraites françaises ?
Christophe se demande ce qu’il peut attendre des 17 années cotisées en France. Pour toucher sa retraite sans minoration, il devra justifier de 172 trimestres ; il craint que sa carrière à l’étranger n’ait réduit ses droits.
Confinés ou non, vous êtes dans une situation similaire à celle de Christophe et vous vous interrogez sur vos retraites ? Nous vous conseillons un plan d’action en 4 étapes :
ÉTAPE 1 : RECONSTITUER LES DROITS ACQUIS EN FRANCE
• Retrouver son numéro de sécurité sociale
• Aller sur le portail Info Retraite qui permet d’obtenir ses relevés en ligne
• Vérifier attentivement ces relevés. Ils retracent les droits acquis en France dans les régimes de retraite obligatoires
• Prendre note des périodes manquantes sur le relevé du ou des régime(s) de base : service militaire ou coopération, chômage indemnisé ou non, période de maladie…
• Vérifier la cohérence des informations entre régime de base et régimes complémentaires
• Sur le relevé de l’Agirc-Arrco, s’assurer que les droits cadres (points Agirc) sont correctement reportés
Bon à savoir ! Les régimes de retraites obligatoires sont organisés en France autour de deux piliers : un régime de base et un régime complémentaire). Quel que soit votre statut professionnel, ces deux piliers doivent figurer sur vos relevés. Par exemple, pour les salariés, l’Assurance Retraite et l’Agirc-Arrco.
Christophe suit ces conseils et revoit ses relevés d’un œil critique : jobs d’été, premiers salaires, périodes de chômage… tous les employeurs semblent bien là.
Cependant, la période de coopération en Italie manque ainsi que les points Agirc de certaines périodes de cadre. Il se promet de faire corriger ces erreurs en apportant les pièces justificatives nécessaires.
ÉTAPE 2 : TENIR COMPTE DES EVENTUELS TRIMESTRES ETRANGERS
Christophe se demande si les 8 ans passés aux États-Unis pourraient compter pour sa durée de carrière. Il peut être rassuré, l’Assurance Retraite (le principal régime de sécurité sociale en France) déterminera bien sa durée de carrière en additionnant les trimestres américains aux trimestres français.
Mais attention !
• Ce dispositif n’est possible que parce que la France et les États-Unis ont signé une convention bilatérale de sécurité sociale. Ce qui n’est pas le cas pour tous les pays
• De plus, si vous avez travaillé dans plusieurs pays, il ne sera pas nécessairement possible de cumuler les conventions
Bon à savoir ! L’ensemble des pays de l’Espace économique européen et la Suisse ont part aux accords communautaires de Sécurité sociale. Si vous avez sillonné l’Europe, les trimestres de tous ces pays seront donc bien cumulés. Toutefois, si vous quittez ensuite l’Europe pour travailler dans un autre pays, la règle de non cumul des conventions risque d’empêcher d’ajouter ces derniers trimestres pour le taux plein.
Avant de poursuivre votre analyse et de suivre le plan d’action, vérifiez donc bien l’existence d’une convention entre votre pays d’accueil et la France.
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ÉTAPE 3 : ÉVALUER LA DATE OPTIMALE DE SA RETRAITE
Pour ce faire, il vous faudra :
• Évaluer le nombre de trimestres acquis en France en tenant compte des corrections
• Ajouter les éventuels trimestres étrangers
>• Ne pas compter plus de 4 trimestres par année
>• Évaluer le nombre de trimestres qui restent à acquérir avant vos 62 ans
• Déterminer le nombre de trimestres acquis, tous pays confondus, à la date d’ouverture des droits (62 ans) et le nombre de trimestres manquants pour le droit à une retraite au taux plein
Bon à savoir ! Si vous demandez votre retraite à 67 ans, soit 5 ans après la date d’ouverture des droits, le taux plein vous est garanti même si vous avez trop peu de trimestres.
ÉTAPE 4 : COMPRENDRE L’IMPACT DES DECISIONS FUTURES
Christophe songe à quitter les États-Unis pour s’installer en Australie. Cette décision risque de modifier sa date du taux plein. En effet, l’Australie n’ayant pas signé de convention avec la France, les trimestres futurs ne seront pas reconnus. Et en cas de convention, ils ne l’auraient pas été non plus, en application de la règle de non-cumul.
S’il venait vraiment à changer de pays Christophe devrait évaluer l’intérêt d’une cotisation volontaire aux régimes de retraite français.
Bon à savoir ! Pour la sécurité sociale, vous êtes expatrié si vous cotisez auprès d’un régime de sécurité sociale étranger. Dans ce cas, que vous soyez salarié ou indépendant, il vous est possible de cotiser volontairement en France. Salarié, vous pourrez choisir de cotiser indépendamment au régime de base ou au régime complémentaire ou aux deux.
En respectant ces étapes, vous ne serez pas pris au dépourvu le moment venu et vous saurez quand vous aurez intérêt à demander vos retraites françaises.
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Le cas d'Isabelle est différent : elle a arrêté de travailler à son arrivée aux États-Unis et elle a renoncé à ses retraites françaises. Nous verrons que des solutions existent pour elle. La suite au prochain numéro.
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