Depuis janvier 2021, les tensions inflationnistes, en particulier sur les produits alimentaires, ont atteint des niveaux sans précédent depuis 40 ans en France.
S’élevant à 6,1 % en juillet 2022, l’inflation devrait d’après l’Insee se situer à 6,4 % en glissement annuel en fin d’année 2022. Dans ce contexte inflationniste, la mission analyse les dynamiques des situations financières des maillons – agriculture, industrie agroalimentaire, grande distribution - de la chaîne de valeur des produits alimentaires.
La mission évalue l’évolution des marges brutes des maillons de la chaîne de valeur pour un échantillon de douze produits alimentaires du quotidien : le jambon cuit, le bœuf haché, l’escalope de poulet, le lait demi-écrémé, le veau, la viande ovine, le yaourt nature, le beurre, l’emmental, le camembert, la baguette et les pâtes alimentaires. Au total :
la hausse des prix de vente s’explique essentiellement par celle des prix des matières premières agricoles ;
pour la moitié des produits, la grande distribution diminue sa marge brute ;
pour plus des deux tiers des produits, les analyses menées montrent que l’augmentation des coûts de production de l’industrie agroalimentaire est significativement supérieure à l’évolution de sa marge brute.
La combinaison des analyses menées suggère que dans le contexte inflationniste actuel l’industrie agroalimentaire a comprimé ses marges et la grande distribution n’a pas contribué à renchérir les prix à la consommation des produits alimentaires.
LES ORIGINES DE L’INFLATION : UNE HAUSSE SPECTACULAIRE DES MATIÈRES PREMIÈRES
A. UNE AUGMENTATION TRÈS FORTE DES PRIX À LA CONSOMMATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES
1. Une inflation alimentaire de presque 6 %...
a) Les produits alimentaires voient en un an leurs prix progresser de 5,7 %
b) L’inflation touche également les produits non-alimentaires
2. ... qui se constate concrètement dans les rayons alimentaires
3. ... qui reste inférieure à celle constatée dans d’autres pays voisins...
4. ... et qui devrait s’accroître à la rentrée 2022, soit une hausse de 30 euros par mois du panier moyen
5. Pour lutter contre les effets de l’inflation, améliorer le pouvoir d’achat des Français par des mesures structurelles
a) Étudier l’opportunité au cas par cas de supprimer le « SRP+ 10 », pour rendre du pouvoir d’achat
b) Privilégier des mesures structurelles à la politique des chèques
UNE INFLATION LIÉE AUX MATIÈRES PREMIÈRES AGRICOLES ET INDUSTRIELLES, QUI A COMMENCÉ AVANT LA GUERRE EN UKRAINE
1. Dès 2021, le coût des intrants (engrais, machines agricoles, alimentation du bétail, énergie, emballage, transport) supporté par les agriculteurs et les industriels a fortement augmenté
2. Cette inflation s’est encore accrue en 2022, mais la guerre en Ukraine l’a accélérée plus qu’elle ne l’a créée
3. Les conséquences de l’inflation : une baisse de pouvoir d’achat, et/ou une baisse des marges affectant soit les agriculteurs, soit les industriels, soit les distributeurs
DES « HAUSSES SUSPECTES » DE TARIF DIFFICILES À CERNER, MAIS CERTAINES PRATIQUES SONT CONTESTABLES
1. Au niveau mondial, il se peut qu’une partie de la hausse provienne de spéculations financières, mais cette dernière est difficile à cerner
2. Au niveau national, une faible proportion de hausses suspectes, mais certaines pratiques préoccupantes
a) Il n’a pas été constaté de phénomène massif de « hausses suspectes » des tarifs fournisseurs
b) Les hausses « non-transparentes », qui relèvent du fonctionnement normal des négociations, ne le sont jamais vraiment pour un distributeur
c) Le résultat public des négociations commerciales de mars 2022 ne corrobore pas l’hypothèse de pratiques suspectes du côté des fournisseurs
d) En revanche, des pratiques gonflant artificiellement l’inflation, émanant de certains distributeurs, ont été pointées du doigt par plusieurs acteurs, y compris publics.
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