Le Maroc programme la réouverture de ses frontières le 7 février. Adel El Fakir, directeur général de l'Office national marocain du tourisme, dévoile au Figaro de nouvelles mesures, dont la reprise des liaisons maritimes et le prérequis du passe vaccinal.
Le 29 novembre dernier, le Maroc fermait soudainement ses frontières en raison de la flambée des cas de Covid-19. Le royaume chérifien, première destination touristique hors Europe des Français, restait depuis calfeutré.
Les autorités ont annoncé vendredi dernier la réouverture de l'espace aérien, programmé au 7 février. Le pays, où l'état d'urgence sanitaire est en vigueur jusqu'à la fin de mois, dévoile le protocole sanitaire qui régira les arrivées et séjours. Dans une interview exclusive au Figaro, Adel El Fakir, directeur général de l'Office national marocain du tourisme (ONMT), livre des détails supplémentaires et sa conviction quant à une réouverture pérenne.
LE FIGARO. - Dans quelles conditions les frontières du Maroc rouvriront-elles le 7 février ?
Adel El Fakir. - Le gouvernement a annoncé la réouverture de l'espace aérien le lundi 7 février et je complète en vous annonçant que les liaisons maritimes reprendront aussi à cette date. Les voyageurs, notamment Français, pourront donc revenir au Maroc. Le protocole sanitaire vient d'être annoncé avec deux conditions clairement établies : le passe vaccinal avec schéma complet est requis, ainsi qu'un test PCR négatif de moins de 48 heures. De nouveaux tests peuvent être pratiqués sur place (lire encadré, NDLR). Le signal que nous donnons est celui d'une reprise du tourisme dans des conditions d'accueil favorables et avec un minimum de restrictions. L'objectif est de garantir à la fois la sécurité des touristes et de notre population. Sur place, la liberté de mouvement est la règle en s'appuyant sur le passe vaccinal. À ce jour, 75% de la population cible du Maroc est vaccinée, dont la totalité du personnel du secteur touristique.
Les conditions d'accès des mineurs ne figurent pas dans votre protocole. Quand seront-elles détaillées ?
Ce point est en discussion et nous allons l'éclaircir dans les jours qui viennent. Les règles annoncées concernent l'ensemble des voyageurs de plus de 18 ans. Les conditions peuvent être révisées en fonction de la situation sanitaire, aujourd'hui maîtrisée.
Depuis le début de la pandémie, le Maroc a déjà refermé ses frontières de manière soudaine. Cela peut-il se reproduire ?
Le signal donné par le gouvernement la semaine dernière, en annonçant très tôt des conditions d'accueil favorables aux voyageurs, indique clairement la réouverture et la reprise de l'activité touristique. Elle sera progressive mais pérenne, et sécurisée par notre protocole sanitaire. Le Maroc est la première destination étrangère des Français hors Europe, ils représentent le tiers des arrivées. En 2019, nous avions reçu près de 4,2 millions de vos compatriotes. Nous n'allons pas retrouver cette position tout de suite.
Les conditions d'accès au Maroc à compter du 7 février
Une certitude : si vous êtes majeur et non vacciné, impossible de voyager au Maroc à partir du 7 février. D'abord parce que le pays reste classé en orange par la France. Côté marocain, ensuite, le protocole dévoilé hier dans la soirée prévoit l'obligation de présenter le passe vaccinal, en vigueur dans tout le pays, ainsi qu'un test PCR négatif de moins de 48 heures à l'arrivée à l'aéroport ou au port.
« Nous prenons en compte la validité du passe selon les conditions de pays émetteur », détaille Adel El Fakir. En clair, si le passe est valide en France il l'est au Maroc. Les informations concernant les mineurs et les enfants restent encore à précise. Le passe vaccinal français est reconnu par les autorités marocaines, dans sa version papier ou numérique, via l'appli « AntiCovid ».
À l'arrivée sur le territoire, le voyageur pourra passer un «test rapide». Voire PCR, mais de manière « aléatoire ». Le protocole reste en l'état sibyllin. De la même manière, un test supplémentaire pourra être demandé 48 heures après l'arrivée à l'hôtel ou dans son centre de résidence. S'il est positif, les autorités prévoient deux cas de figure. «Les cas positifs normaux devront observer un confinement sanitaire dans les lieux de leur résidence, tout en les soumettant à un suivi minutieux», est-il indiqué dans le protocole. Les «cas positifs difficiles et critiques» seront transférés dans un hôpital « pour recevoir les soins nécessaires ». Pour le retour en France, les conditions seront en théorie celles des pays « orange » : test PCR ou antigénique négatif de moins de 48 heures exigé à l'embarquement, et donc à réaliser sur place.
Vous rencontrez actuellement les compagnies aériennes. Quelles sont les perspectives de reprise du trafic ?
Un certain nombre de compagnies opèrent déjà et confirment la reprise de leur activité au Maroc. C'est le cas de Royal Air Maroc, qui reprend toutes ses fréquences, tout comme Air France ou Transavia. D'autres compagnies préparent aussi leur reprise. Concernant la France, l'objectif est de revenir d'ici à cet été au niveau de trafic d'avant-pandémie, soit une moyenne de 66 vols quotidiens depuis 20 aéroports. Certaines compagnies s'attendent même à dépasser les niveaux de réservation pré-pandémiques.
Le pays est-il prêt pour accueillir de nouveau des millions de touristes ?
La plupart des établissements hôteliers sont restés ouverts. Une partie de leur activité a été fortement supportée par le tourisme domestique, qui représente en moyenne 32% des nuitées sur les quatre dernières années. L'annonce des autorités a été faite en amont afin que les établissements accueillant des touristes se préparent au mieux, et l'État a débloqué de fortes aides. Tous les partenaires, agents de voyages ou hôteliers sont mobilisés. Le protocole sanitaire prévoit, outre le passe vaccinal, le port du masque. La distanciation s'opère naturellement, par exemple en prévoyant des tables suffisamment espacées au restaurant.
"Concernant la France, l'objectif est de revenir d'ici à cet été au niveau de trafic aérien d'avant-pandémie, soit une moyenne de 66 vols quotidiens".
Adel El Fakir
Faut-il s'attendre à une hausse des prix ? Comment envisagez-vous la reprise ?
Je ne pense pas qu'il y aura de hausse de prix. Le secteur est en reprise, l'objectif des hôteliers est d'accueillir leurs clients dans les meilleures conditions. On l'a vu au cours des deux années écoulées, il n'y a pas eu de variation des prix. Encore une fois, le marché français est extrêmement important pour nous. Nous nous attendons à une reprise du tourisme sur l'ensemble des destinations et avec toutes les typologies de voyage : les jeunes, les couples et aussi les millénials, très friands du Maroc dans toutes ses dimensions, dépaysant, sûr et avec une grande diversité naturelle, tout en conservant une dimension humaine. Nous constatons déjà une reprise des réservations au niveau de l'hôtellerie et des agences de voyage.
Qu'est-ce que cette crise a appris aux Marocains ?
Pendant cette pandémie, ils ont redécouvert ou découvert de nouvelles destinations dans leur propre pays comme Dakhla, Ouarzazate, Chefchaouen ou encore la lagune de Mar Chica, près de Nador, sur notre façade méditerranéenne. Le secteur a su maintenir les établissements ouverts : c'est une véritable forme de résilience. Le Maroc doit se repositionner dans l'esprit des voyageurs comme une destination rassurante et de choix.
Source: www.lefigaro.fr
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