Les masques chirurgicaux et FFP2 doivent être réservés aux personnels soignants mais les Français sont désormais invités à se protéger avec des masques alternatifs au quotidien.
Bientôt tous masqués ? Après avoir martelé que les masques étaient inutiles contre le coronavirus quand on n’est pas malade, le discours officiel a changé dans plusieurs pays cette semaine, dont la France. Après la recommandation de l’Académie nationale de médecine que « le port de masques grand public « alternatif » soit obligatoire pour tous pendant et à la sortie du confinement », le directeur général de la santé Jérôme Salomon a confirmé vendredi 3 avril 2020 l’utilité du masque pour la population. Une nouvelle position, alors que le gouvernement indiquait jusque-là que le port du masque était inutile si l’on n’était pas malade.
Les masques chirurgicaux et FFP2 pour les professionnels
Dans un communiqué du 2 avril 2020, l’Académie nationale de médecine rappelle que « la priorité d’attribution des masques FFP2 et des masques chirurgicaux acquis par l’État doit aller aux structures de santé (établissements de santé, établissements médico-sociaux, professionnels de santé du secteur libéral) et aux professionnels les plus exposés ». D’autant plus en situation de pénurie de masques, constatée à de nombreux endroits du territoire, aboutissant même à des vols et escroqueries de la part d’individus peu scrupuleux.
Des masques alternatifs en production
L’Académie de médecine estime toutefois qu’il faut rendre obligatoire le port d’un masque « grand public », aussi dit « alternatif », pour les sorties nécessaires en période de confinement. Cette position est désormais soutenue par le gouvernement français, en annonçant la fabrication de masques « alternatifs », autres que médicaux. « Nous encourageons le grand public, s’il le souhaite, à porter (…) ces masques alternatifs qui sont en cours de production », a affirmé vendredi le numéro 2 du ministère de la Santé, le Pr Jérôme Salomon. "On avait encore cette approche du port de masques pour les malades. La France a fait le choix de produire sur son territoire national certes des masques pour les soignants, certes des masques pour les malades mais aussi des masques dits alternatifs". Cette production est « en cours d’augmentation massive », a-t-il précisé, avant de rajouter que ces masques permettaient « de se protéger des postillons quand on est en face à face » "Si nous avons l’accès à des masques, nous encourageons le grand public, s’il le souhaite, à porter des masques, en particulier ces masques alternatifs qui sont en cours de production".
Aussi des tutoriels pour les fabriquer
Mercredi, la populaire animatrice de télévision Marina Carrère d’Encausse, également médecin, avait assuré que les propos officiels sur l’inutilité supposée des masques pouvaient s’apparenter à un « mensonge » fait « pour une bonne cause », c’est-à-dire pour les réserver aux soignants. L’Académie de médecine recommande également que des tutoriels soient diffusés largement pour permettre à ceux qui le souhaitent de fabriquer facilement leur propre masque artisanal, en tissu (à laver régulièrement) ou autre matière.
Certains n’ont pas attendu cette recommandation pour s’y mettre. Des tutoriels de fabrication de masques artisanaux circulent largement sur internet, parfois émanant d’hôpitaux ou de sociétés savantes. Le collectif français Stop postillons en propose sur son site (stop-postillons.fr). Lancé par des médecins, il parle « d’écrans anti-postillons » pour le grand public plutôt que de masques, afin d’éviter les confusions avec le matériel pour soignants.
Ils ne remplacent pas les mesures barrières
Le directeur général de la santé rappelé toutefois que le port du masque ne remplace pas les mesures barrières, toujours justifiées : -Se laver très régulièrement avec du savon ou du gel hydroalcoolique -Éviter de porter la main à son visage -Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir, à usage unique -Se saluer sans serrer la main et éviter les embrassades -Respecter la distanciation sociale
D’autres pays dans la même logique
La volte-face la plus spectaculaire concernant le port du masque est venue des États-Unis vendredi : le président Donald Trump a annoncé que les autorités sanitaires conseillaient désormais aux Américains de se couvrir le visage lorsqu’ils sortent de chez eux. « Il y a une vraie inflexion aux États-Unis et l’OMS est en train de réviser ses recommandations », déclare à l’AFP le Pr KK Cheng, spécialiste de santé publique à l’université de Birmingham (Angleterre), favorable au port généralisé du masque. Depuis le début de l’épidémie, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et de nombreux gouvernements répètent que les masques doivent être uniquement utilisés par les soignants, les malades et leur entourage proche, en disant s’appuyer sur des données scientifiques. Mais pour les promoteurs du port généralisé du masque, ce discours était avant tout destiné à éviter que le grand public se rue sur ceux réservés aux soignants (les masques chirurgicaux et les FFP2, plus protecteurs) et aggrave une pénurie déjà existante. De fait, vue d’Asie, où le recours au masque est culturellement valorisé, la réticence occidentale a surpris.
« Une écharpe, quelque chose que vous avez fabriqué, un bandana »
Auparavant, New York avait déjà franchi le pas : le maire Bill de Blasio a demandé jeudi aux habitants de se couvrir le visage lorsqu’ils sortent. « Ça peut être une écharpe, quelque chose que vous avez fabriqué, un bandana », a-t-il affirmé. Car pour éviter la ruée sur les masques médicaux, ce sont les masques faits maison ou fabriqués par l’industrie textile qui sont mis en avant dans le monde entier. Les scientifiques qui les promeuvent soulignent qu’ils servent à éviter de contaminer les autres plus qu’à se protéger soi-même. « Beaucoup de gens pensent que porter un masque les protège de la contamination, alors que cela permet en fait de réduire les sources de transmission », dit à l’AFP le Pr Cheng. « Cela fonctionne si tout le monde en porte, et dans ce cas, un masque très basique suffit, car un bout de tissu peut bloquer les projections » contaminées émises par un malade, ajoute-t-il. « Ce n’est pas parfait, mais c’est beaucoup mieux que rien ».
Source: www.actu.fr
Comentários