NG biotech propose un test sanguin rapide. Destiné aux personnels soignants, il va permettre de détecter leur immunité.
C'est le premier test sérologique français et il est breton. Il a été mis au point par la société NG Biotech, basée à Guipry en Ille-et-Vilaine (Bretagne), spécialisée depuis 2012 dans les tests de détection rapide d'antibiorésistance.
En 15 minutes seulement, à partir d'une goutte de sang, le nouveau test mis au point avec le CEA et l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris peut donner le statut sérologique d'un patient. Autrement dit, détecter la présence d'anticorps et dire si la personne est immunisée contre le SARS-CoV-2. Un dispositif portable et ultra rapide
La manipulation est ultra simple, aussi simple qu'un test de grossesse à ceci près que le sang remplace l'urine. "Ce test est unique en son genre" explique Milovan Stankov Pugès, le fondateur et PDG de NG Biotech, "dans la mesure où il intègre un auto piqueur et un collecteur de sang".
Il suffit de se piquer le bout du doigt et de déposer la goutte de sang sur une bandelette qui réagit, en présence de deux gouttes de réactifs, aux anticorps spécifiques du coronavirus. Un changement de couleur permet de savoir si la personne a développé une immunité. Et ce même si elle n'a pas été malade.
C'est d'autant plus intéressant que pour le #Covid19, une grande proportion de personnes infectées restent asymptomatiques. Elles ne savent donc pas qu'elles sont "naturellement vaccinées" contre la maladie.
Le test de la société NG Biotech intègre un auto piqueur pour déposer une goutte de sang sur une bandelette qui sert de révélateur © Radio France / NG Biotech
Le test "a été validé dans des hôpitaux de l'AP-HP : Kremlin Bicêtre et Paul Brousse à Paris, Lariboisière et Parly 2" poursuit Milovan Stankov qui a une longue expérience dans le domaine, après avoir notamment travaillé chez Abott et Mérieux, deux des plus grands laboratoires mondiaux.
C'est d'ailleurs parce qu'ils travaillent depuis cinq ans ensemble que ce trio a pu arriver à ce résultat rapide. "Dès le mois de janvier, lorsqu'on a vu arriver les premiers cas", raconte Thierry NAAS, co directeur du laboratoire Expertise des souches d'antérobactéries, associé au Centre National de Référence de la résistance aux antibiotiques au Kremlin Bicêtre, "on s'est dit qu'il fallait utiliser notre expertise sur la détection de l'antibiorésistance sur ce nouveau virus. La détection rapide nous semblait être un enjeu majeur, alors on a réorienté nos travaux". Grâce à la sérothèque du laboratoire, il a été possible de tester 250 sérums de patients infectés au SARS-CoV-2 et de mesurer l'efficacité du test rapide de NG Biotech. Résultat: "la quantité d'anticorps est parfois suffisante au bout de 5 jours mais à 10 jours, l'efficacité du test est de 70% et à 15 jours de 98%" affirme Thierry NAAS. À l’hôpital Lariboisière et Parly 2, ce sont les services d'urgence qui ont utilisé le prototype, directement sur les patients qui arrivaient aux urgences avec suspicion de Covid-19.
Complémentaire du test nasal, actuellement pratiqué
Ce test n'est pas de même nature que ceux pratiqués jusqu'ici sur les malades arrivant à l’hôpital.
Pour détecter le virus dans l'organisme, le monde entier utilise la technique du prélèvement nasal et l'amplification du virus présent dans les sécrétions, avant son analyse génétique par la technique PCR.
Une méthode plutôt très fiable qui prend cependant minimum 12 heures et nécessite un équipement de laboratoire. Elle permet de savoir si la personne porte le virus au moment où on la teste. Le test sérologique comme celui mis au point par NG Biotech a une autre finalité : connaitre le statut immunitaire d'une personne. Il était particulièrement attendu dans la perspective d'une sortie du confinement.
On peut en effet imaginer que seules les personnes immunisées seront d'abord autorisées à sortir. Avant cela, c'est au personnel soignant qu'il est destiné.
"Cela leur permettra d'être plus serein en allant travailler" souligne Thierry NAAS. "Ils sont en première ligne et en dépit de toutes les protections, le risque zéro n'existe pas". Se savoir immunisé, c'est potentiellement avoir moins d'appréhension lors des soins aux malades infectés.
Une appréhension que vient rappeler le long processus d'habillage et de protection : il faut enfiler blouse, gants, lunettes anti projection, charlotte, masque, surchaussures. Pour Marc Eloit, responsable de la structure Découverte de pathogènes à l'Institut Pasteur, "à l'échelle collective, ces tests pourraient permettre de savoir comment le virus a circulé dans la population" . D'autres laboratoires dans la course
NG Biotech a lancé la production et pense fabriquer 120 000 tests en avril et monter en puissance pour arriver à 6 millions d'unités en 6 mois.
L'entreprise de 40 personnes a d'ores et déjà embauché 20 personnes supplémentaires et va ouvrir un deuxième site de production. Le 4 avril, le ministère des Armées a apporté son soutien à NG Biotech.
Un contra signé avec la DGA d'un montant de 1 million d'euros inclut le développement d’un second type de kit de détection directe du virus, dans la salive cette fois. Dans un premier temps, le test sérologique est exclusivement destiné "aux professionnels de santé en France. Même s'il peut être utilisé au chevet du patient, il est trop tôt pour le proposer aux particuliers" précise Milovan Stankov Pugès. D'autres tests ne devraient pas tarder à arriver sur le marché mondial. Au CNR du Kremlin Bicêtre, l'équipe de Thierry Naas est actuellement en train d'évaluer une dizaine de produits similaires, de fabrication chinoise ou coréenne. Les État-Unis ont aussi annoncé être bientôt en mesure d'en proposer.
Source: www.franceinter.fr
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