Le groupe Renault a décidé d'ouvrir plus son capital à ses salariés, partout dans le monde (29 pays). L'objectif est de monter à terme à 10% du capital détenu par les collaborateurs et ainsi plus les intéresser aux résultats financiers.
Avec cette année d'inflation, les revendications salariales explosent. Les entreprises ont tendance à y répondre par des primes et non du salaire. Pour contrer un peu la remarque que les groupes versent trop aux actionnaires et non aux salariés, autant faire des salariés des actionnaires !
Luca de Meo a décidé de renforcer l'engagement des salariés du groupe avec ce plan. Concrètement, les salariés auront aussi la possibilité d'acquérir des actions avec un prix préférentiel, décoté de 30% pour 21 des 29 pays dans lesquels Renault est présent. Mieux, pour les deux premières, il y a un abondement de la société de 300%. En clair, pour deux actions achetées (à 70% du prix), 6 gratuites sont ajoutées par Renault.
Le prix de l'action est fixé à 31,46 € et donc à 22,02 € après décote des 30%. Les 6 actions gratuites représentent plus de 188 € de bonus, avec les 30% de décote des 2 premières actions soit un total d'un peu plus de 207 € "offerts" par Renault. La période de souscription va du 24 novembre au 12 décembre 2022 inclus.
Cependant, il y a des conditions pour souscrire. Le versement à ce plan d'action ne peut pas dépasser 25% de la rémunération brute annuelle. Et surtout, les actions doivent être détenues durant un minimum de cinq ans via un FCPE (fonds commun de placement d'entreprise).
Renault est détenu, à date, à seulement 3,5% par ses propres salariés. En France, ce n'est pas trop dans la culture des salariés de détenir une participation dans la société qui les emploie. C'est doucement en train de changer, mais par exemple dans les entreprises du CAC40, la moyenne de l'actionnariat salarié est de 3,3% précise la fédération française des associations d'actionnaires salariés et anciens salariés.
Le but de Luca de Meo est d'atteindre 10% (!) de capital détenu par les salariés en 2030. Pour le patron du groupe Renault, c'est important que les salariés montrent aussi leur confiance dans leur société. Surtout, cela permet d'augmenter indirectement la rémunération des salariés qui toucheront des dividendes de ces actions, et capitaliseront si l'action continue de grimper. En revanche, c'est une capitalisation et donc aucunement des sous que l'on peut toucher et dépenser de suite.
Et il faudra sans doute se montrer patient avec la remontée de l'action. Elle était à 100 € environ jusqu'au début 2018 quand elle a plongée pour atteindre un plus bas vers 17 € en 2020. Depuis, l'action remonte avec la santé financière de Renault et atteint désormais 32 €. Le groupe Renault prévoie de grandes transformation avec la création d'une entité autonome Ampere, chargée des véhicules électriques. Cette entité Ampere sera introduite en bourse pour lever du cash et financer la transition électrique.
En France, on ne cultive pas assez la culture de l'actionnariat salarié. Pourtant il a bien des vertus puisqu'il implique d'avantage les salariés à la réussite de l'entreprise et limite les tensions entre salariés et actionnaires. L'ultime expression de cet actionnariat salarié, c'est la SCOOP dans laquelle les salariés sont les uniques actionnaires.
Mais, Renault n'est pas prêt de devenir une SCOOP. Cela pourrait aussi permettre à Renault d'apaiser les tensions avec l'Etat actionnaire. De plus, cela pousse les salariés à s'intéresser d'avantage aux décisions prises puisqu'ils peuvent s'exprimer lors des Assemblées Générales d'actionnaires.
Néanmoins, cela prête le flanc à un raid par un concurrent qui pourrait faire une OPA et séduire les salariés plus enclin à vendre à bon prix. Mais, on n'en est franchement pas encore là puisqu'entre l'Etat, Nissan et l'autocontrôle, plus de 31,5% des actions sont détenus par des actionnaires qui ne répondront pas à une OPA (sauf surprise), la rendant caduque.
Renault et Luca de Meo veulent impliquer d'avantage les 110 000 salariés du groupe dans l'avenir de l'entreprise. Pour cela, ils lancent un grand plan d'actionnariat salarié avec des actions à prix préférentiel et même 6 actions gratuties.
Une façon de récompenser les salariés pour leur travail à améliorer le sort du groupe Renault dans le monde.
Source: www.leblogauto.com
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