Le suivi des yeux est une technologie très utilisée dans la recherche et qui apparaît de plus en plus dans les produits grand public, comme les casques de réalité virtuelle ou augmentée, et même l'iPhone. Toutefois, elle collecte une grande quantité d'informations qui peut être utilisée pour en apprendre très long sur la vie privée des utilisateurs.
Les yeux sont-ils réellement le miroir de l'âme ? En tout cas, ils permettent d'en savoir très long sur vous selon un article, publié dans Privacy and Identity Management. Data for Better Living: AI and Privacy, qui s'intéresse à l’eye tracking, ou oculométrie en français. La technologie de suivi du mouvement oculaire gagne en popularité non seulement pour la recherche, mais également pour la réalité virtuelle ou augmentée, et elle intéresse tout particulièrement les publicitaires.
L'oculométrie suit le mouvement de vos yeux, et permet donc de commander des appareils avec le regard et d'analyser comment vous effectuez des tâches. Toutefois, cette technologie enregistre en réalité beaucoup plus d'informations qui en disent long sur vous. Selon l'article, l’oculométrie « contient des informations sur l'identité biométrique de l'utilisateur, son genre, âge, appartenance ethnique, poids, traits de personnalité, habitudes de consommation de drogues, état émotionnel, aptitudes, peurs, intérêts et préférences sexuelles. »
Comme si cela ne suffisait pas, les mouvements oculaires pourraient également révéler certains troubles cognitifs, tels que le trouble du spectre de l’autisme (TSA), le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), le trouble obsessionnel compulsif (TOC), les maladies de Parkinson ou d'Alzheimer, ou encore la schizophrénie.
Les mouvements du regard peuvent servir à vous identifier
Ces conclusions sont rendues possibles car l'oculométrie ne capture pas uniquement l'emplacement du regard sous forme de coordonnées. Cette technologie enregistre également la durée des fixations, les saccades, ainsi que la vitesse et l'accélération des mouvements des yeux. Elle peut aussi détecter la dilatation des pupilles qui est un indicateur d'excitation sexuelle, de prise de drogues, de peur ou même de dommages cérébraux.
Les caméras de suivi oculaire peuvent également enregistrer si les yeux sont rouges, s'ils sont secs ou larmoyants, et analyser la couleur et la texture de l'iris. Ils peuvent même relever les expressions faciales, les mouvements des sourcils, la couleur de la peau, la forme des yeux et la présence de rides.
Certaines caractéristiques du regard, comme la vitesse ou la trajectoire des mouvements ou la réactivité de la pupille, sont uniques pour chaque individu et peuvent servir à l'identifier au même titre qu'une empreinte digitale. Une simple caméra de smartphone suffit ! De plus, l'oculométrie ouvre tout naturellement la voie à la reconnaissance de l’iris, une technique de biométrie qui analyse le motif unique à chaque individu.
Une intrusion dans la vie privée
Les mouvements des yeux sont des indicateurs précieux sur la manière dont on réfléchit et ils sont utilisés dans des recherches sur le rappel de souvenirs, la résolution de problèmes, les processus d'apprentissage, le raisonnement interne et le calcul mental. L'observation du regard dans les tâches du quotidien permet même d'évaluer les utilisateurs sur les cinq grands traits de la personnalité (Big Five), ainsi que d'autres traits comme l'intelligence, l'anxiété ou encore l'agressivité.
L'eye tracking promet de nombreuses avancées, notamment pour les appareils de réalité virtuelle ou augmentée, avec des appareils capables d'anticiper vos prochaines actions ou bien d'animer plus fidèlement votre avatar. Toutefois, les risques concernant la vie privée sont conséquents. Le règlement général sur la protection des données (RGPD) couvre certaines de ces informations en Europe, mais un nouveau cadre réglementaire sera nécessaire pour protéger les utilisateurs contre les abus.
Source: www.futura-sciences.com
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